top of page
Search
  • Writer's picturegalerie-adl

Ce dont j'avais besoin

Updated: Mar 24

Ma démarche artistique a toujours été incertaine; mon geste, de l’ordre de la pulsion.

 

Au fil des expositions, j’ai tenté de me définir. Je me suis convaincue que ma démarche était celle d’une exploration de la réalité; que ma peinture était un langage au même titre que la musique, la science, la parole; une manière de saisir ce qui se dérobe à notre entendement.

 

Je fis mienne la vision de l’anthropologue Philippe Descola qui aborde les pratiques artistiques sous l’angle de la figuration, définie comme un processus universel, l’expression de la façon dont les humains « sont insérés dans les plis du monde », et donc, attentifs à certains aspects de ce dernier.

 

Or, de la même façon que mes pensées finissent tôt ou tard par s’enrouler sur elles-mêmes, je me suis mise à tourner en rond, dans cette histoire que je me racontais à moi-même. Mais était-ce la bonne? Était-elle vrai? 


Je n’arrivais plus à laisser émerger le désordre dont j’avais besoin pour créer. Plutôt, je planifiais, calculais, expliquais, réfléchissais, définissais.

 

Après quelques mois d’errance, j’ai eu besoin de couleurs. Intensément. Profondément. Impérieusement. J’ai expérimenté de nouveaux gestes. Une nouvelle façon de suspendre mon flux de pensées. Une nouvelle façon de peindre.

 

Je ne sais pas ce qu’avoir besoin de couleurs peut signifier. Mais je souhaite éviter, au moins pour un moment, de mettre des mots sur cette sensation. Je veux m’y accrocher, aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que le calcul perpétuel qui mobilise ma pensée reprenne sa place habituelle.

 

Alors, aujourd’hui, je revendique le droit de faire quelque chose d’inutile, qui n’a pas de but, d’objectif, de message, de portée. Je ne veux pas répondre à la question du beau, du sens ou du pourquoi. Je veux cultiver l’absence d’intention, l’absence de signification.

 

Je demande la permission de garder le silence.




54 views0 comments
bottom of page